Merville: trésors d’archives

Les archives conservent des trésors méconnus sur l’histoire de Merville. Voici une sélection de documents permettant de suivre les principaux faits marquant l’histoire de la cité des caous.


1076 : Merville entre dans l’histoire…

Diplôme de Philippe, roi de France 1076

La première mention de Merville est donnée dans deux diplômes accordés au chapitre Saint Amé de Douai par Philippe, roi de France et Robert le Frison en 1076. Ces deux documents confirment la pleine propriété du territoire de Merville au chapitre Saint Amé de Douai. Les chanoines de Saint Amé restèrent seigneur de Merville jusqu’à la révolution de 1789. Le diplôme de Robert le Frison, Comte de Flandre cite que tout Merville appartient au chapitre Saint Amé:

In pago Menpisco totam Menrivillam, ab antiquis Broilum nominatam, juxta Lisie fluvii decursum sitam, cum silvis, pratis, molendinis, terris cultis et incultis, cum decima, cumque omni respectu persolvende legis.

Quant à celui accordé par Philippe, roi de France, il rappelle la fondation de Merville par Saint Mauront et Saint Amé. Les privilèges accordés au chapitre Saint Amé furent ensuite confirmés par les papes Pascal II, Lucius III et également par Gérard III évêque de Cambrai.

Bulle du pape Lucius III du 13 février 1182.
Bulle du pape Lucius III du 13 février 1182.

1198: Un chapelain s’installe…

En 1198, le chapitre Saint Amé reçoit l’autorisation du pape Innocent III d’établir un chapelain à Merville. Celui-ci s’installa dans l’oratoire dédié à Saint Amé où anciennement était édifié le monastère fondé par Saint Maurand. En 1617, cet emplacement fut abandonné au profit des Capucins.

Bulle d’Innocent III du 8 avril 1198

Les arbitrages de 1224 & 1265

Lettres de confirmation du 30 avril 1265 de Marguerite, Comtesse de Flandre concernant l’arbitrage de 1265.

Un différend éclata en 1224 entre le chapitre Saint Amé et Jeanne, comtesse de Flandre. Un arbitrage fut demandé pour régler le conflit entre les deux parties. La comtesse de Flandre s’inclina à la décision des arbitres: Merville est une seigneurie canoniale placée sous la protection du comte de Flandre, représenté par un bailli. Mais, 34 ans plus tard les difficultés reprirent. Un nouvel arbitrage fut demandé et un important jugement fut rendu en 1265, celui-ci fixa l’organisation municipale, administrative et judicaire de Merville. Par exemple, nous apprenons que la pêche était soumise à réglementation: les mervillois ne pouvait pêcher dans la Lys sans l’accord du comte du Flandre, alors que la pêche dans la Bourre n’était soumise à aucune réglementation, chaque mervillois pouvait y pêcher librement…


L’industrie drapière…

En 1432, pour régler les conflits avec la ville d’Ypres. Philippe le Bon confirme aux habitants de Merville, le droit de fabriquer et de vendre de la draperie. L’industrie drapière était florissante à Merville et dans les localités voisines au XVème siècle. Elle fut progressivement remplacée par le tissage de toile de lin notamment pour la fabrication de linge de table. D’ailleurs au XVIIIème siècle, le prince de Robecq commanda à un fabricant mervillois une nappe de 70 mètres de long sur 5 mètres de large, qui fut envoyée comme présent au roi du Danemark.

Lettre patente du duc de Bourgogne confirmant le libre exercice de la draperie à Merville du 13 janvier 1432

Les comptes du bailliage au XIVème et XVème siècles

Compte du bailli Guillaume Surien de 1385

Ces comptes rédigés par le bailli du Comte de Flandre comportent deux parties: l’une contenant les recettes des rentes, amendes, avoirs de bâtards et confiscations de biens et l’autre contenant les dépenses de justice. Ces documents apportent de nombreuses informations sur la société mervilloise et son organisation judicaire. Les comptes de 1420 à 1469, mentionnent plusieurs exécutions capitales faites à Merville dont celles de Miveque Rickebus et Hellin Minquot « exécutés et ars en cendre » c’est-à-dire exécutés sur le bûcher. Les peines sur le bûcher étaient généralement réservées aux personnes coupables de sorcellerie, d’hérésie ou encore d’infanticide. Les comptes du bailli Guillaume Surien de 1384/85 dressés sur des rouleaux de parchemin ayant plus de 3 mètres de longueur comportent de nombreuses données sur les troubles qui eurent lieu à la fin du règne du comte Louis de Male, en effet lors des révoltes de Gand, Merville fournit aux gantois de nombreux partisans.


L’organisation municipale au XVème et XVIIème siècles

Le 26 juin 1423, Philippe le Bon publie une ordonnance de 17 articles réglementant la justice et la police pour le « bien et seurté » des habitants de Merville. Parallèlement à la réglementation en matière de police et justice, l’ordonnance concède à Merville un « scel aux causes » pour sceller tous les actes passés devant les échevins. Ces différents articles furent repris dans la coutume judicaire de Merville accordée en 1451. Cette charte, contenant 49 articles très divers rédigés les uns à la suite des autres, prévoit les peines et sanctions à infliger dans différents cas, évoque les attributions de l’échevinage, détaille la procédure suivie en matière civile… Ainsi nous apprenons que les blasphèmes proférés par les joueurs de dés ou de cartes peuvent valoir une amende de 10 livres et une peine de bannissement de 3 ans aux auteurs de telles offenses, amende également applicable aux hôteliers tolérant dans leur établissements ces débauchés. De même, si un mervillois injurie autrui de « leres, murdrier, faulx houllier, ribaud ou autres vilains langaiges » il est passible d’une peine de bannissement de 3 ans. Une nouvelle rédaction de cette coutume judicaire comportant beaucoup plus de développements fut faite au début du XVIIème siècle.

Lettre patente de 1451 du Duc de Bourgogne concédant aux habitants de Merville une « ghisele » ou coutume
Lettre patente de 1451 du Duc de Bourgogne concédant aux habitants de Merville une « ghisele » ou coutume
Sceau aux causes de Merville
Sceau aux causes de Merville

Les troubles religieux…

Octroi d’impôts de 3 ans accordé à la ville de Merville en janvier 1585

La seconde moitié du XVIème siècle fut une période d’agitation pour la Flandre. Sous une administration manquant d’énergie, troublée par des dissensions politiques et religieuses, des idées nouvelles apparurent et le protestantisme commença à se propager. Très tôt, autour des reformés se regroupèrent tous les mécontents et ambitieux. La religion n’étant qu’un prétexte, les gueux se ruèrent au pillage des églises, monastères et châteaux. Merville ne fut pas épargné par les hérétiques, le 13 mars 1581, les huguenots flamands y brûlèrent l’église et 150 maisons. L’église fut reconstruite 18 ans plus tard, en 1599, par un bourgeois de Merville: Julien Vasseur. Entre-temps, la ville réussit à obtenir plusieurs octrois d’impôts du Roi pour sa reconstruction.


Brief et terriers….

Les terriers sont des registres dans lesquels sont consignés les biens fonciers situés à Merville. Ces registres contiennent le nom du propriétaire, la nature et la localisation du bien ainsi que la nature de l’impôt à acquitter aux chanoines de Saint Amé. Ces registres furent remplacés à partir du XIXème siècle par les matrices cadastrales. Les terriers et brief fournissent de nombreux renseignements toponymiques et généalogiques: le terrier général de Merville de 1666, comportant plus de 500 pages donnent une description détaillée de toutes les terres situées dans la commune, et le brief des rentes d’avoine de 1380 présente un intérêt particulier, ce document offre un nombre considérable de noms de familles mervillois, dont certains sont encore portés aujourd’hui.

Terrier général des terres de Merville de 1666

Les registres paroissiaux…

Registres paroissiaux de Merville

Avant l’établissement de l’État civil, les actes de naissances, mariages et décès étaient consignés dans des registres paroissiaux dressés par le curé de la paroisse. Les registres de la paroisse de Merville débutent au début du XVIIème siècle pour les actes de baptêmes et de mariages , et en 1694 pour les actes de sépultures. Ces actes sont la principale source utilisée par les généalogistes pour reconstituer une filiation. Ils sont également une source intéressante pour toute étude statistique ou démographique.


Textes et photos : copyright David Hamelin